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La Tunisie à la croisée des chemins

Quelles règles pour quelle transition?

SWP Research Paper 2013/RP 06 f, 13.08.2013, 29 Pages Research Areas

This is the original version in French, an English version is here.

Depuis la chute de l’autocrate Zine el-Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011, la Tunisie est volontiers décrite comme le « bon élève » de la transition démocratique dans le monde arabe. Ce récit vertueux s’est d’autant plus renforcé que les changements politiques amorcés depuis les révolutions arabes semblent osciller entre la guerre civile et le retour à l’autoritarisme. Comparée à la Libye et à l’Égypte, la Tunisie se présente en effet comme le « seul espoir » restant du printemps arabe. Combinés, ces facteurs achèvent de proclamer une prophétie auto-réalisatrice : la réussite (obligée) de la transition démocratique en Tunisie. Une narration concurrente affirme, aux antipodes de la première, qu’une « contre-révolution religieuse » est désormais en marche depuis que le mouvement Ennahdha est arrivé au pouvoir. Les tentatives du parti islamiste de constitutionnaliser la charia, de criminaliser le blasphème et de consacrer la « complémentarité » de la femme avec l’homme trahissent, pour les tenants de cette lecture, la mise en œuvre du projet véhiculé par l’Islam politique. À moins de considérer les homicides des opposants Lotfi Naguedh en octobre 2012, Chokri Belaïd en février 2013 et Mohamed Brahmi en juillet 2013 comme des parenthèses, le processus politique à l’œuvre en Tunisie depuis les élections fondatrices du 23 octobre 2011 se révèle autrement plus complexe que ne le dépeignent à grands traits les deux récits en vogue. Révoquant en doute les récits consacrés, cette étude explore des questions peu ou pas étudiées jusque-là : Qui gouverne quelle transition? Dans quelle mesure les institutions post-autoritaires sont-elles réellement démocratiques? À quels scénarios la transition peut-elle conduire?

English version here.